Par Raphaële Botte – TELERAMA
Il vole des souris dans les animaleries, laisse son oiseau taper du bec sur son stylo quand il écrit, ou observe sa tortue avancer lentement sur son corps, de son nombril à son visage… Voici Hervé. Cancre de son état ou en tout cas bien plus passionne par !’observation naturaliste que par l’histoire-géographie et autres leçons plus conventionnelles. II enchaine les micro-aventures animalières, partage de doux moments avec des écrevisses rouges achetées vivantes chez le poissonnier et d’autres avec son bien-aime corbeau. Mais, malheureusement, la vie ne peut pas se cantonner exclusivement à cette chambre transformée en ménagerie expérimentale ou à la décharge regorgeant de vieilles machines. Alors, un peu comme le hors-champ légèrement flouté d’une photo, les parents, les professeurs, les classeurs, les notes et autres devoirs à faire… interférent de temps en temps dans le décor !
Si les journaux intimes, souvent fictifs, sont nombreux, les récits purement autobiographiques sont relativement rares en littérature jeunesse et de nombreux récits d’enfance atterrissent davantage en littérature générale. La lecture de ce Voleur d’animaux en est d’autant plus singulière. Hervé Walbecq se raconte et partage des anecdotes qui, petit a petit, dessinent l’individu qu’il est et l’épanouissement vers lequel il avance. La sobriété de l’écriture lui confère une très belle justesse et si, par définition, l’enfance d’Hervé se déroule dans une autre époque que la notre, le ressenti du décalage permanent vécu par le« cancre » et sa description si juste du collège demeurent intemporels. On se sent aux cotés de ce petit gars qui rêve de tourner la tête ailleurs et qui ne comprend vraiment pas l’intérêt de ce qu’il a vaguement écrit sur cette feuille volante qu’il a déjà perdue…